02 Feb

Zelda Breath of the Wild : La résurrection du Fléau (partie 1)

Publié par lechanoir  - Catégories :  #Nouvelles accessibles en intégralité

Zelda Breath of the Wild : La résurrection du Fléau (partie 1)

La résurrection du Fléau

    

     Suivant les indications du roi, j’avais cheminé plusieurs jours durant, découvert plusieurs villages et contrées sans doute désertées par l’homme depuis de nombreuses années. J’avais croisé des voyageurs, des habitants d’Hyrule et une vieille dame du nom d’Impa. Mais ceci est une autre histoire.

 

     La veille, un homme sans le sou du nom de Kangis, pour me remercier d’un service que je lui avais rendu, m’avait offert en récompense une ressource bien plus précieuse que tous les rubis de la terre : une part de son savoir.

     « J’aimerais te remercier, mais je ne suis pas bien riche, tu sais. En revanche, j’étais un grand voyageur autrefois. J’ai arpenté bien des contrées au cours de ma longue vie et je connais chaque recoin du pays. Alors, s’il y a un endroit que tu recherches, je pourrai t’aider à le trouver. »

     C’est ainsi que je lui avais montré l’une des images de la tablette. Après quelques secondes de réflexion, il avait formellement reconnu le portail de la plaine de Nedrane et, fidèle à sa parole, m’avait expliqué comment m’y rendre.

    

     En quête de mes souvenirs perdus, j’avais donc quitté le vieil homme et pris, dès l’aube, la direction qu’il m’avait indiquée vers l’est, laissant derrière moi le village de Corico pour les hauteurs de Lanelle.

     Après deux heures de marche, la chaîne de montagnes découpait déjà l’horizon. Peu à peu, le sentier sinuant entre les collines avait été avalé par les herbes du haut plateau qui se dessinait au fil de mes pas. À plusieurs centaines de mètres au-dessus du niveau de la mer, un autre monde prenait forme devant mes yeux et je fus surpris par le sentiment de liberté qui me saisit alors. En contrebas, sur ma droite, surplombant une rivière qui coulait entre deux massifs montagneux, les ruines d’un pont en pierre massif, aujourd’hui impraticable, donnait sur ce qui ressemblait à une ancienne porte, gravée dans la roche, à flanc de paroi.

 

     Au fur et à mesure que j’avançais, ma progression devenait laborieuse, mais ma motivation demeurait intacte, car je le sentais en mon for intérieur, je me rapprochais de mon objectif. Je fis une halte pour vérifier l’image de la tablette. Le vent froid me fouettait le visage, des flocons se mirent à tomber et, devant moi, la roche arborait désormais une fine couche neigeuse. Je sentis mon sang se glacer, comme si la vie commençait déjà à quitter mon corps. Heureusement, je m’étais douté que j’aurai, au cours de mon périple, à subir des conditions extrêmes, j’avais donc acheté en prévision quelques jours plus tôt la tenue parfaite pour braver les éléments. Presqu’instantanément, les vertus du vêtement se firent sentir et je me remis en marche. En continuant mon ascension, des lieux intrigants que je n’avais pas encore explorés se dessinèrent tout autour de moi : des tours apparemment inactives ; des sanctuaires abandonnés, que je me promettais de visiter plus tard en les notant sur ma carte ; un volcan, plus au nord, dont la lave qui débordait traçait des coulées incandescentes sur ses flancs. Et, derrière moi, c’est tout Hyrule qui se dévoilait désormais pour la première fois à mon regard : la plaine et le château, à l’est ; les Ramages ; l’étang de Comolo ; le lac Aquam et la région des marécages. C’était comme si la carte d’Hyrule se matérialisait devant mes yeux.

 

     Malheureusement, j’avais perdu la piste de mes souvenirs. Reprenant la marche, j’aperçus le mont Lanelle. D’immenses stalagmites s’étaient formées en son sommet, transformant le pic en une pyramide de glace que l’on aurait dit construite par les dieux. Il s’agissait sans doute du point le plus élevé du pays. « D’en haut, je repérerai sûrement plus facilement le portail de Nedrane », pensai-je alors. Et puis, dans les hauteurs, certains pans de roche brillaient d’une lueur bleu-vert que j’avais immédiatement identifiée. Si je parvenais à extraire les gemmes nox des flancs de montagne, je savais que cela m’ouvrirait les portes des commerces de la région, en vue de mes prochaines expéditions.

 

     Une heure plus tard, littéralement accroché à la montagne, je pris conscience du challenge que je m’étais lancé. Le vent et la neige me glaçaient le sang et, malgré mes gants, le gel avait commencé à ronger l’extrémité de mes doigts tandis-que j’agrippais le dernier appui qui me permettrait enfin d’atteindre le sentier enneigé conduisant au sommet. Me hissant à la seule force de mes bras, je basculai sur le sol et roulai pour m’écarter du vide. Mon corps grelotait, mes membres commençaient à tétaniser et un voile noir assombrit mes idées. J’avais faim et mes vêtements n’étaient pas assez chauds. Il me fallait trouver rapidement une solution ou je mourrai, terrassé par les éléments. Luttant pour garder mes esprits, j’arrachai mon sac des épaules, jetai mes gants au sol et glissai nerveusement la main dans la petite poche intérieure, à la recherche de quelques piments que je m’envoyai immédiatement dans le gosier. Le piquant de ce fruit si spécial éclata dans ma bouche pour se répandre presque aussitôt dans l’ensemble de mon corps, m’accordant ainsi un bref répit pour continuer ma fouille. Après quelques secondes qui me parurent une éternité, je mis la main sur l’instrument que je cherchais : une baguette très spéciale subtilisée à un magicien lors d’une précédente aventure. Au contact de l’air, celle-ci s’alluma instantanément, comme une allumette que l’on craque. Dans un premier temps, la flamme repoussa les attaques du froid, puis réchauffa mes mains avant de diffuser sa chaleur tout autour de moi. « Eureka ! Ça marche ! ». Je fis glisser la baguette à la place de mon épée, que je rangeai dans mon sac, puis je repris ma route, non sans avoir renfilé mes gants. La neige et les nuages avaient obscurci le ciel, à tel point que je n’y voyais pas à trois mètres. Pourtant, dans le brouillard de cette nuit artificielle, le spectacle demeurait magnifique : illuminé par les gisements de nox, le ciel semblait briller de mille feux aux couleurs turquoise. M’avançant prudemment sur le sentier, je remarquai, au pied d’un arbuste, des champignons au chapeau bleu qui luisaient dans la brume. La base de données intégrée à ma longue-vue me confirma ce que j’avais supposé : il s’agissait de champignons des montagnes, une espèce rare qui, une fois cuisinée et ingérée, abaissait le niveau de température ; un met qui qui m’aurait été bien utile dans les régions désertiques d’Hyrule.  Je m’approchai pour les cueillir quand soudain une masse toute blanche prit forme devant moi et m’attaqua. Dans un geste reflexe, je tentai de me saisir de mon épée, oubliant que je l’avais remplacée par la baguette du magicien. Alors que je la brandissais, face au danger, des boules de feu jaillirent de son extrémité, fondant la glace et brûlant tout sur leur passage. La bête aux faux airs de dinosaure encaissa plusieurs brûlures, mais se montrait toujours menaçante. M’équipant de mon bouclier, j’attendis le moment opportun. Le prédateur se jeta sur moi et à l’instant précis où ses griffes étaient sur le point de m’arracher le visage, d’un revers du bras, je lui assénai un coup qui la fit rouler au pied de la montagne, à quelques centimètres de là. La présence de l’animal, même sonné, réveilla dans les herbes glacées un organisme étrange. Une gelée difforme se matérialisa devant moi, projetant autour d’elle des décharges qui tracèrent plusieurs sillons dans la neige et électrocutèrent violemment la bête à son contact. Reculant d’un pas, j’attrapai mon arc d’une main et deux carreaux de l’autre et, en un lancer unique, décochai deux flèches qui firent exploser l’immense bulle gélatineuse. « Décidément, cette contrée réserve bien des surprises ! » me dis-je en reprenant mon souffle.

 

     Sachant mieux à quoi m’attendre, je continuai mon périple avec la plus grande attention, remplissant mon sac de champignons des montagnes et de plantes rares, tout en évitant les bords de falaise et certaines masses blanches aux airs de dinosaures fossilisés. De longues minutes plus tard, je parvins enfin au sommet du mont Lanel. Tel le toit du monde, les stalagmites géantes, que j’avais aperçues au loin, se rejoignaient en leur extrémité, formant l’entrée d’une petite forteresse de glace. Et, à l’intérieur, quelle ne fut pas ma surprise de constater une nouvelle présence organique. Une masse difforme et visqueuse, enroulée tel un serpent autour de plusieurs colonnes, semblait respirer profondément. M’approchant prudemment de la bête, je remarquai des protubérances et une multitude de gros yeux globuleux saillant de son corps qui serpentait autour de la montagne. Désormais à quelques centimètres, je pouvais sentir l’odeur pestilentielle qui se dégageait de la cavité. Cachée sous son cou, la tête du « serpent » était en partie recouverte des mêmes parasites qui abimaient son corps. Des taches noires et ocres souillaient désormais ses oreilles pointues et, sous sa crête sombre, ses plumes blanches avaient viré au marron. Lorsque son œil s’ouvrit, je crus déceler toute la souffrance de l’animal dans son regard. Sans réfléchir, je me jetai sur le « serpent », décochant plusieurs flèches qui vinrent se ficher dans les trois yeux globuleux les plus proches. Lorsque les protubérances explosèrent dans un amas de souillures noirâtres, le corps que j’étais en train de dévaler se mit en mouvement, me faisant perdre l’équilibre. Dans un à-coup soudain, je fus projeté dans les airs. M’accrochant aux plumes de l’animal, je vis le haut de la montagne s’éloigner, les colonnes de glace devenant de plus en plus petites. Nous volions parmi les nuages. C’est alors que je compris : il ne s’agissait pas d’un serpent...

 

Suite : Partie 2

 

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