02 Feb

Zelda Breath of the Wild : La résurrection du Fléau

Publié par lechanoir  - Catégories :  #Nouvelles accessibles en intégralité

Zelda Breath of the Wild : La résurrection du Fléau

 

 

La résurrection du Fléau

 

 

Préambule

 

    

 

     « Ouvre les yeux… Réveille-toi…

 

Réveille-toi ! Ouvre les yeux… »

 

     Lorsque je repris mes esprits, mon corps était plongé dans un bain étrange. Tandis que je me redressai, l’eau s’évacua progressivement de la baignoire en pierre aux ornements complexes. Il faisait sombre, seul le dôme au-dessus de ma tête et une petite colonne, à quelques mètres de moi, projetaient dans la salle un halo bleuté. Je m’extirpai de mon réceptacle et me dirigeai vers la lumière. Elle provenait d’une sorte de circuit en spirale, relié en plusieurs points, qui paraissait avoir été imprimé dans la roche. En m’approchant, un mécanisme se déclencha, et dans un bruit rocailleux, le plateau de la console tourna dans le sens des aiguilles d’une montre, une trappe s’ouvrit en son centre et un objet rectangulaire en coulissa pour apparaître à l’air libre.      

 

     « Prends cette tablette, elle te montrera la voie après ton long sommeil. »

 

     Cherchant autour de moi, je compris rapidement qu’il n’y avait personne d’autre dans la salle. La voix était dans ma tête. Mais étrangement, cette conclusion, qui en aurait déstabilisé plus d’un, n’eut pas le même effet sur moi, bien au contraire. Il y avait quelque chose de rassurant dans la douceur de son ton. Comme si elle me voulait le plus grand bien, comme si elle me connaissait. « Comme si elle me connaissait… ». J’intégrai à cet instant une réalité qui allait conditionner nombre de mes péripéties à venir : je ne savais plus qui j’étais.    

     J’attrapai l’objet qui désormais me faisait face. Plutôt épais, il arborait des dessins tribaux et un œil, dont l’iris brillait de la même couleur bleue que celle du circuit imprimé, qui semblait me fixer en son centre, l’ensemble évoquant une technologie mêlant civilisation ancienne et future. De nouveau, le mécanisme résonna dans la salle, la colonne s’enfonça dans le sol et une lourde porte s’ouvrit à quelques mètres de là. J’accrochai la tablette à ma ceinture et me dirigeai vers ce que j’imaginais être la sortie de la grotte. Mais je me trompais. Je parvins dans une salle aux mille et un trésors : pièces d’argent, colliers, coupes en or et plusieurs coffres débordant de richesses s’offraient à moi. En les fouillant, je trouvai un sac que je remplis à ras bord, une tenue légèrement renforcée et une dague dont je m’équipai dans la foulée. Tenant l’épée à une main, je fus surpris par la dextérité avec laquelle je la maniais, comme si cela était naturel, évident. Mon instinct me disait que ce n’était pas la première fois que je me servais d’une telle arme et que ce ne serait sûrement pas la dernière. Je la rangeai précautionneusement dans son fourreau que je fis glisser à ma ceinture avant de la réajuster autour de ma taille. Ainsi harnaché, je pus enfin relever la tête pour m’apercevoir qu’une nouvelle colonne se dressait à l’extrémité de la pièce. Semblable à la précédente, un détail la différenciait pourtant : la console rayonnait cette fois d’une lumière ocre.

 

     « Place la tablette Sheika sur le terminal, laisse-là t’ouvrir la voie. »

 

     Je m’exécutai et le circuit imprimé vira au bleu. Inondant la grotte des rayons du jour, les sept piliers, composant devant moi la dernière porte en pierre, coulissèrent sur un escalier qui semblait disparaître dans les cieux.

 

     « Tu es notre lumière, celle qu’Hyrule avait perdue. Va, mets-toi en route. »   

 

     Écoutant la voix, je me mis à courir vers le soleil, sautant les marches quatre à quatre. Mes yeux s’habituant peu à peu à cette nouvelle luminosité, des paysages montagneux se dessinèrent au bout du tunnel jusqu’à ce qu’enfin je puisse progresser à ciel à ouvert et découvrir le magnifique panorama qui semblait avoir attendu que je m’éveille. Laissant derrière moi l’entrée de la grotte, je sentis le souffle du vent dans mes cheveux, les rayons du soleil caresser ma peau et un mélange de fragrances champêtres envahir mes muqueuses tandis que mes poumons se gorgeaient d’air pur. J’entendis le piaillement des oiseaux, le bruit des ruisseaux et l’appel de la forêt. Sans me poser de questions, je filai droit devant, simplement heureux de pouvoir faire communion avec la nature, quand soudain je dus stopper net. Tentant de conserver mon équilibre, je baissai les yeux et pris soudain conscience que ma course aurait pu s’achever bien plus rudement, plusieurs dizaines de mètres en contrebas. Toutefois, cela en valait la peine, car au bord de la falaise qui surplombait le pays, le spectacle était splendide : collines, montagnes, lacs, forêts et prairies s’offraient à moi, telle une invitation au voyage… À condition de parvenir à franchir le précipice.

 

     « Hum… C’est haut, pas vrai ?

 

     Je tournai la tête et aperçus un vieil homme au physique impressionnant se tenant à mes côtés, le regard perdu dans le vide. Pris dans mes pensées, je ne l’avais pas entendu approcher.

 

     « Pour sûr, oui. Pouvez-vous me dire quel est cet endroit ?

     – Bien sûr. Ce que tu vois là est l’ancien royaume d’Hyrule et nous sommes sur l’un de ses hauts plateaux. Si tu veux arpenter ses terres, il va te falloir descendre cette montagne. Je peux t’y aider si tu veux.

     – Comment ? demandai-je, intrigué.

     – Dans le temps, j’avais une paravoile. Ahhh, j’en ai fait des acrobaties avec celle-ci ! Cela fait toutefois bien longtemps que je n’en ai plus l’utilité. Je pourrais la retrouver pour toi. Mais… (L’homme réfléchit un instant) qu’en ferais-tu ?

     – Pour vous dire la vérité, je ne sais pas trop.

     – Hum… C’est normal d’être quelque-peu désorienté après tant d’années de sommeil.

     – Mais… Comment savez-vous… ? »

     L’homme sourit dans son épaisse barbe blanche.

    

« Suis-moi, je vais t’expliquer. »

 

     Nous fîmes demi-tour et empruntâmes un sentier qui descendait jusqu’à un petit cabanon.   

  

     « Le royaume est tombé il y a cent ans, à l’époque du Grand Fléau. De nombreux habitants ont péri, ainsi que son roi, Rhoam Bosphoramus. Je vais te raconter ce qui s’est produit alors… C’est au sein même du royaume d’Hyrule que Ganon, le Fléau, a vu le jour il y a bien des siècles. Avant de renaître comme l’incarnation du mal absolu, l’histoire de Ganon nous était parvenue sous la forme de lointaines légendes et de récits folkloriques. Mais tout changea le jour ou un devin du royaume fit cette prophétie : « La terre porte les signes de la résurrection de Ganon, le Fléau, mais dans ses entrailles, elle cache également le moyen de le juguler. » Guidés par ces paroles, nous avons fouillé la terre jusqu’à mettre au jour un grand nombre de reliques, fruits du savoir et de la technologie de nos lointains ancêtres. Les créatures divines, quatre gigantesques machines de guerre à l’apparence animale et une armée de gardiens, des soldats mécaniques capables de livrer bataille sans intervention humaine. Ces découvertes corroboraient l’histoire qui nous avait été portée par la légende. Celle de la princesse qui possédait le pouvoir de sceller le mal et du chevalier élu de la lame purificatrice. Combattant aux côtés des reliques, ils avaient vaincu le démon de l’ancien temps. Il y a cent ans, il y avait également une princesse et un preux chevalier au royaume d’Hyrule. Nous avons donc décidé de marcher sur les traces de nos ancêtres. Quatre jeunes gens aux talents exceptionnels venus des quatre coins du royaume furent ainsi choisis pour manœuvrer les créatures divines. Tous furent placés sous le commandement de la princesse, et nommés Prodiges du royaume. Entourée de ces cinq prodiges, la princesse avait désormais toutes ses chances de parvenir à endiguer le Fléau. Pourtant, lorsque Ganon ressurgit finalement des entrailles de la terre, sa manœuvre nous prit tous par surprise. Il surgit des fondations mêmes du château d’Hyrule, prit le contrôle des Gardiens et des quatre créatures divines et les retourna contre nous. Les Prodiges qui pilotaient les créatures périrent en même temps que les habitants du château. Quant au chevalier, il défendit la princesse jusqu’au bout avant de s’effondrer. C’est ainsi que le royaume d’Hyrule fut dévasté par Ganon, le Fléau. Seule, la princesse avait survécu. Et seule, elle fit face au terrible Ganon. « Link… Le reste dépend de toi. Tu es notre dernier espoir, le seul qu’il nous reste. Je t’en prie. »

     » Je suis Rhoam Bosphoramus Hyrule, dernier roi d’Hyrule. Je n’ai pas survécu à la tragédie, mon âme seule est restée attachée aux ruines de mon royaume perdu. Cette princesse est ma fille, Zelda. Quant au chevalier qui l’a protégée jusqu’à la limite de ses forces, eh bien, c’était toi, Link. Tu as combattu ce jour-là jusqu’à la mort. Par chance, on a pu te conduire au sanctuaire de ce plateau. Il a fallu un siècle entier pour que la vie coule de nouveau dans tes veines. La voix qui t’a guidé à plusieurs reprises depuis ton réveil est celle de ma fille. Elle lutte ; elle oppose à Ganon une résistance sans faille et le garde enfermé, prisonnier des murs du château. Seulement, le pouvoir de Zelda atteindra bientôt ses limites. Quand elle ne pourra plus le retenir, le monstre retrouvera sa forme originelle et s’abattra sur Hyrule de toute sa puissance.

     » Je sais qu’un roi qui a si mal protégé son royaume n’a pas le droit de demander une telle faveur. Mais je n’ai pas d’autre de choix. Détruit Ganon ! Mon peuple… Mon peuple et ma fille ne peuvent plus compter que sur toi. Mais tu dois savoir que les quatre créatures divines sont toujours sous l’influence de Ganon. Quant au château d’Hyrule, il est toujours défendu par une armée de Gardiens. Atteindre le château dans l’état dans lequel tu te trouves relèverait du miracle. C’est pourquoi je te suggère de commencer par te rendre dans un village à l’est d’ici. C’est là que vit une femme nommée Impa. Elle saura t’indiquer le chemin à emprunter. La carte de la tablette Sheika indique l’emplacement du village. Commence par traverser les monts Géminés, puis prends la route qui part vers le nord. »

     L’homme m’invita à entrer dans le cabanon et disparut quelques instants dans l’une des pièces avant de se présenter à moi, les bras remplis d’objets étranges dont il fit rapidement le tri.

     « Comme promis, je voici ma paravoile, grâce à elle tu pourras t’élancer depuis les falaises de ce plateau et parcourir le monde d’Hyrule. Et puis, je voudrais aussi t’offrir cette longue-vue toute particulière. Sa technologie te permettra d’identifier avec précision les dangers auxquels tu seras confronté tout au long de ton aventure.

     » Link, tu dois redevenir celui que tu étais. La tablette contient des images provenant des souvenirs de ma fille. Si tu retrouves les lieux qui y sont rattachés, alors peut-être que la mémoire te reviendra. »

 

     À peine eut-il achevé sa phrase que le vieil homme se dématérialisa devant mes yeux…

 

     « Je compte sur toi, Link. »

 

            … pour finalement disparaître entièrement dans un halo bleuté.

 

Suite : Partie 1