28 Aug

Entre ciel et terre

Publié par lechanoir.over-blog.net  - Catégories :  #Pitchs et extraits de nouvelles


Pitch : Alors qu'ils sont censé assister à une cérémonie, un mari et sa femme se chamaillent comme ils le font depuis toujours. Cette discussion du quotidien, légèrement mal à propos, permet de dresser le portrait d'un homme orgueilleux ; époux autoritaire et père absent qui est passé tout au long de sa vie à côté de l'essentiel. Mais acceptera-t-il cette vérité et pourra-t-il changer les choses ou bien n'est-ce pas déjà trop tard ?

 


Début :

   

Les proches qui avaient tenu à être présents commençaient à se masser devant l’entrée : A peine une vingtaine de personnes parvenues à trouver un créneau pour se déplacer, entre les repas d’affaire, les week-ends en famille et les parties de golf dominicales. Des parents, des amis ou de simples connaissances composaient cette petite troupe qui avançait péniblement jusqu’au hall où un jeune homme de la profession les accueillait humblement.

 

Une voix d’homme se fit entendre, si grave, si assurée, qu’elle recouvrait les chuchotements de la procession. Pourtant, personne n’y prêta attention.

 

-         Si j’avais su qu’il y aurait si peu de monde…

-         Oui… Et bien, qu’aurais tu fait ? lui répondit une voix de femme.

L’homme ronchonna dans sa barbe.

-         Franchement, m’être déplacé pour ça !

-         De toutes façons tu étais déjà là, alors le déplacement n’a pas dû te coûter grand chose.

-         Ca c’est toi qui le dis, tu crois qu’il m’a été facile ce trajet ? C’est pas comme si c’est moi qui conduisais ! Et puis je m’attendais vraiment pas à ça ! C’est pas terrible comme endroit !

-         Mais tu t’attendais à quoi exactement ? A une grande villa avec piscine, buffet et cocktail à volonté ? On n’est pas à la maison tu sais ? Il n’y a ni femme de ménage, ni cuisinière ici. Et à ce propos, je te le dis tout de suite : dorénavant , compte plus sur moi pour te préparer à bouffer ! A partir de maintenant, il n’y aura ni horaire fixe, ni télé alors les matchs de foot, tu peux oublier.

-         Alors là, si tu crois que c’est un problème, j’ai pas besoin de ça pour m’occuper et je n’ai jamais eu besoin de personne non plus pour me faire à manger.

-         Ha ! Il vaut mieux entendre ça que d’être sourde !

-         J’espère au moins qu’il y aura des grillades...

 

Alors que le jeune homme de l’entrée peinait à refermer derrière l’assemblée, de lourdes portes en bois massif qui devaient bien faire quatre fois sa taille, quelques retardataires s’étaient glissés in extremis dans l’entrebâillement afin de rejoindre le petit groupe.

Le hall, frais et chaleureux à la fois, donnait l’impression d’avoir été creusé à même la roche. Des piliers sans fin soutenaient une voûte qui s’enfonçait dans l’obscurité tant l’édifice était haut et sombre, telle une caverne façonnée au creux d’une montagne. Cependant le soleil tenait également sa place au cœur de la salle principale. Ses rayons filtraient à travers les vitraux, peints de main de maître et comme sous l’effet de gigantesques loupes, se propageaient dans toute les coures.  Si bien que l’allée qui menait à l’autel, ainsi que la salle principale baignaient dans un clarté que l’on pourrait, étant donné les lieux, qualifier de céleste…

 (…)