28 Aug

Isolement

Publié par lechanoir.over-blog.net  - Catégories :  #Pitchs et extraits de nouvelles

Pitch : Enfermé entre des murs étroits, un homme se bat pour sa survie... Parviendra-t-il enfin à revoir la lumière, à sauver sa famille ou se sauver lui-même ?... Entre allégorie et réalité où se situe vraiment la vérité ?... Que s'est il passé dans la vie de cet homme pour qu'il se retrouve ainsi prisonnier ?


Début :

 

« Un, deux, trois, quatre, cinq… »

 

Tâtonnant, je tends les bras dans l’obscurité. Avançant ainsi, centimètre par centimètre, les yeux grand ouverts sans pour autant y voir, je ressens soudain comme une longue brûlure sur le dos de la main. Le crépi de la paroi m’a râpé tout le dessus de la main gauche. Alors que la droite continue de pianoter entre les aspérités, bras tendus, mon front ressent à son tour un terrible choc, les piqûres en deux endroits distincts, puis le frottement du crépi. Ma tête a dû se heurter aux pans de mur qui forment l’angle de la salle. Je porte ma main valide à ma blessure et en ressens alors toute la moiteur. Dans ma tête raisonnent les battements de mon cœur, toujours plus fort, plus forts et plus rapides. J’ai le souffle court et ma transpiration commence à se mêler au suintement de la plaie. Tout mon corps semble endolori. Je me retourne, m’adosse à la paroi et glisse le bout des doigts dans la poche de mon pantalon afin d’en extirper le petit carré blanc de tissu griffé que m’a offert Tania pour mon anniversaire. Je m’éponge le front puis noue le mouchoir autour de mes phalanges douloureuses. L’air est moite et lourd. Avec le stress qui me gagne, mon corps réclame de plus en plus d’oxygène. J’en prends alors une grande bouffée mais avant d’avoir pu complètement remplir mes poumons je me mets à tousser et à cracher du sang, comme si je venais d’aspirer un produit toxique. Haletant, je m’accroupis, toujours dos au mur et fouille, tremblant, les poches de ma veste. J’ai du mal à contrôler les tressaillements de ma main mais finis tout de même par me saisir de l’objet que je cherchais. Lorsque je l’ouvre, quelques pilules bondissent sous les tremblements, en dehors de la petite boîte en métal. J’en attrape une et la jette vivement dans ma bouche, lève la tête vers le plafond que je ne peux voir et déglutis. Je reste ainsi, prostré, quelques longues minutes, le temps de recouvrer mon calme et une respiration plus régulière, puis je reprends mon chemin de croix, bras ouverts, paumes collées à la paroi, mes doigts vivant leur propre vie, marchant sur le crépi tels les pattes de deux araignées blessées, se faisant un chemin au milieu de la crasse et des aspérités.  J’avance, un pas après l’autre, comme un aveugle à la recherche d’une canne et me remets à compter :  « Un, deux, trois, quatre, cinq… »

 

(...)